Le paradoxe du poisson rouge : Chapitre 2

Décodage de la culture chinoise ? Inspiration de vie ? Métaphore de l’approche gestaltiste ? Ce livre est tout cela à la fois, et j’ai plaisir à le partager avec vous au travers d’un résumé personnel de ses 8 chapitres = 8 épisodes. Nous en sommes au Chapitre 2… Bonne lecture !

Dans un monde de plus en plus complexe, incertain et mouvant, nous remarquons avec étonnement que les Chinois évoluent comme des poissons dans l’eau avec souplesse et succès. De cette constatation est né le titre de ce livre, qui nous permet de mieux comprendre l’âme chinoise.

Laissons-nous surprendre par cette culture…

CHAPITRE 2 – NE VISER AUCUN BUT

« Ne fixe pas ton esprit sur un but exclusif, tu serais estropié pour marcher dans la vie. » (Tchouang-Tseu)

« Le chemin se trace en marchant » (Lao-Tseu)

Avancer en marchant

Le chemin ne doit jamais être tracé d’avance : il se trace au fur et à mesure que l’on chemine.

La fixation sur un but est source de tension qui dilapide l’énergie vitale de l’homme et en conséquence raccourcit sa vie et ne permet pas de voir ce qui se passe à la hauteur du sol et donc de saisir les opportunités qui se présentent.

Tempérance et Optimisation

Quand nous nous demandons « comment atteindre le bonheur », quête liée à l’idée de finalité ; les Chinois se demandent « comment vivre longtemps » en bonne santé et le plus harmonieusement possible. Préserver, affiner, renforcer son capital énergie, voilà leur quête.

Alors que nous cherchons à développer nos muscles, les Chinois cherchent à développer leur souffle. Obtenir le maximum d’effet avec le minimum d’effort. Forcer c’est se fragiliser, se dépenser sans compter c’est se consumer.

« Qui s’efforce nuit à sa force. » (Lao-Tseu)

Adaptabilité

Les traditions chinoises n’appellent pas l’homme à transformer le monde mais à s’adapter au monde.

En s’attachant à un port et en visant un but, on est comme un train qui ne peut sortir de ses rails. Or la vie ne se présente pas sur des rails, elle vient de toutes les directions à la fois et il faut pouvoir changer de direction instantanément.

« Devenir aussi souple que l’eau qui trouve toujours son chemin en s’adaptant au terrain. » (Tao te King)

Action mesurée et Facilitation

Les Chinois ne croient pas comme nous au pouvoir de changer le cours des évènements, mais au fait que nous puissions seulement l’accompagner. On parle ainsi de « non agir » (« Wu Wei »), ou plus exactement de « non interférence ». Ce qui consiste à faire juste ce qu’il faut pour que les choses se fassent d’elles-mêmes.

« On ne tire pas sur les plantes pour les faire pousser plus vite. » (Mencius = Meng-Tseu)

C’est l’éloge de l’action sans effort, sans agitation, sans précipitation. La culture chinoise enseigne l’économie du mouvement, le geste juste et adéquat (arts martiaux, calligraphie).

A trop vouloir en faire, plus rien ne va et on en sort de plus exsangue. Principe de l’économie de l’énergie, le Wu Wei permet de dominer les évènements sans s’opposer à eux mais en se mouvant avec eux.

« Aider ce qui vient tout seul. » (Lao-Tseu)

Ouverture à l’opportunité

Quand on se fixe un but on risque de ne pas prêter attention à ce qui se passe devant soi.

« Celui qui a les yeux fixés sur un but, marchera estropié dans la vie, car alors il ne voit pas la voie étalée, là sous ses pieds, évidente. » (Tchouang-Tseu)

La question du sens de la vie ne se pose pas en Chine. Ce mot n’a de sens que s’il a une finalité. La pensée chinoise se préoccupe plutôt d’être en phase avec la réalité. Le génie est la capacité à saisir le moment opportun qui échappe à tout plan conçu d’avance. L’opportunisme est une vertu puisqu’il consiste à répondre à l’exigence du moment.

Rien n’est donné une fois pour toutes. Puisque la réalité est en transformation continue, pas de stratégie (but) nécessaire. Il s’agit plutôt d’évoluer en exploitant à son profit les facteurs favorables détectés ici et maintenant. Évaluer est plus important que planifier.

Le pas à pas vers l’efficience

Les chinois sont enclins à épouser les tendances, à aller vers une forme de « facilité », sans que ce terme ait un sens négatif. Ils préfèreront, pour faire avancer les choses, procéder par petites touches si infimes et si subtiles que le changement passe inaperçu. C’est ce qu’ils appellent l’efficience.

 « Pour déplacer les montagnes, il faut commencer par enlever les petites pierres une à une. » (Confucius)

Parallèle Gestaltiste :

Ici et maintenant

L’approche gestaltiste accompagne sur le chemin, en fonction de ce qui se présente ici et maintenant. Il est bien ici également question de « faire avec ce qui vient » dans le moment de l’échange entre le thérapeute et son client.

Réactualisation

Car en effet c’est bien la réalité du client « réactualisée » dans l’ici et maintenant, qui importe. C’est ce que vit le client, aujourd’hui, par rapport à un évènement passé, et comment il le vit, qui fait sa douleur ou sa difficulté du moment. C’est donc là que nous agissons avec lui.

Acceptation

On apprend également à ne pas lutter contre les évènements mais à les accepter pour les transformer, à son rythme…

Facilitation et Ouverture

Il s’agit d’un travail de facilitation, d’accoucheur, pas à pas, qui aide à s’ouvrir aux signes et aux éléments extérieurs et intérieurs, tels des alliés sur le chemin.