Le paradoxe du poisson rouge : chapitre 8 et Conclusion

Suite et fin, enfin !… de ce livre riche et puissant… Belle lecture à vous !

LE PARADOXE DU POISSON ROUGE de Hesna CAILLIAU

Une voie chinoise pour réussir

Décodage de la culture chinoise ? Inspiration de vie ? Métaphore de l’approche gestaltiste ? Ce livre est tout cela à la fois, et j’ai plaisir à le partager avec vous au travers d’un résumé personnel de ses 8 chapitres.

Enfin aujourd’hui la fin de l’histoire avec le chapitre 8 et la conclusion… Bonne lecture !

Dans un monde de plus en plus complexe, incertain et mouvant, nous remarquons avec étonnement que les Chinois évoluent comme des poissons dans l’eau avec souplesse et succès. De cette constatation est né le titre de ce livre, qui nous permet de mieux comprendre l’âme chinoise.

Laissons-nous surprendre et inspirer par cette culture…

CHAPITRE 8 – REMONTER À LA SOURCE

« L’homme n’est pas seulement fils de la terre, il est aussi fils du Ciel. » (Confucius)

Les pieds sur terre et la tête dans les étoiles…

Ne pas couper avec ses traditions, mais au contraire s’y enraciner permet de s’envoler vers de nouveaux horizons. Un bon ancrage donne l’assurance nécessaire pour s’ouvrir sans crainte à d’autres sagesses.

Le rôle des parents et des enseignants est de donner aux enfants « des racines et des ailes », des racines pour développer la confiance en soi et des ailes pour découvrir d’autres mondes.

Quelle forme prend la spiritualité dans la culture chinoise ?

Pour les chinois, nous devons garder à l’esprit notre origine céleste, le chi, cette force vitale située dans le bas-ventre. Le chen incarne l’état supérieur du chi, il est traduit généralement par « esprit ou esprit divin ». Présent dans tout être humain, il s’affaiblit si l’on suit sans discernement la voie de l’attachement aux désirs égocentriques d’avoir, de pouvoir et de savoir. Autrement dit l’homme risque de gaspiller son énergie vitale dans des passions violentes.

La sagesse chinoise fait une distinction entre l’esprit (chen) et l’âme (hum), siège des pensées, des désirs, des sentiments, des émotions, nécessairement contradictoires et fluctuants.

L’esprit est le souffle qui permet de réanimer l’âme abattue, de rebondir dans les épreuves.

Il se manifeste aussi sous forme de lumière. L’âme a besoin d’être éclairée par la lumière de l’esprit.

Le bouddhisme ne condamne pas les désirs puisque c’est ce qui anime l’homme et le rend vivant mais étant la seule de toutes les espèces animales à pouvoir exalter ses désirs, il a besoin de « les mettre sous la claire lumière de l’esprit » pour voir ce qu’ils valent. C’est pourquoi les bouddhistes lui donnent le nom de « troisième œil », l’œil de la conscience éveillée.

Quand les courants se rejoignent dans la spiritualité…

L’esprit se retrouve dans les différentes Écritures, les différentes religions. Dans la Bible, le cœur renvoie à l’esprit et l’âme à l’égo.

C’est tantôt le « Je », d’Arthur Rimbaud : ce « point vierge » en nous, libre, léger, joyeux, audacieux, intègre, impartial, immuable. Tantôt le « Soi » des hindous pour le distinguer du « moi », nécessairement subjectif et personnel.

Ce « Je » est aussi notre part invulnérable car il n’est affecté ni par les agressions extérieures ni par les troubles de notre psychisme.

Victor Hugo : « Il y a dans mon âme une fleur que nul ne peut cueillir. »

Albert Camus : « Dans les profondeurs de l’hiver, j’ai compris qu’il y a en moi un éternel été. »

François Cheng, dans son livre « Les Âmes errantes » rappelle qu’il y a, enfoui au cœur de chacun, quelque chose qui ne naît ni ne meurt. Elle nous est prêtée, on la rendra au ciel à notre mort.

La spiritualité : à la fois « esprit divin » et « inspiration terrestre »

Nous ne venons pas du néant, et nous ne retournons pas au néant. Au-delà de la réalité existentielle, il existe une réalité intemporelle. La transcendance n’est pas dans un au-delà inaccessible mais au cœur même de la créature.

La conversion à laquelle nous appellent tous les grands spirituels de l’humanité n’est pas de changer de religion mais de se retourner vers sa clairière intérieure, ce qui permet de changer son regard et son rapport au monde.

L’esprit est à la fois le principe de réalité et l’oxygène de vie. L’homme spirituel est réaliste et non idéaliste comme d’aucuns peuvent le penser. « Il est pleinement dans le monde sans être du monde. », pour reprendre la Bible. Autrement dit, il est bien ancré dans le monde mais n’adhère pas à ses formules.

L’esprit donne l’inspiration nécessaire pour inventer de nouvelles voies. Étymologiquement parlant « esprit » et « inspiration », « respiration », « aspiration » ont la même racine. L’inspiration c’est le souffle, l’esprit.

Le moi existentiel, lui, tourne toujours autour du désir statique de maintenir une position (position professionnelle, réputation, acquis).

« Si nous sommes différents par la culture, nous sommes semblables par la nature. » (Confucius)

Cultures différentes, aspirations communes…

Chinois ou Européen, nous partageons les mêmes aspirations…

Réaliser notre vocation profonde. La destinée n’est pas un fatalisme ou un déterminisme, elle est l’ensemble des possibilités et des dons que chacun porte et qui demandent à s’actualiser dans le temps. Pour la sagesse taoïste, la destinée de l’homme consiste à accéder à sa nature propre. Elle n’est pas à conquérir, elle est là et émerge spontanément lorsqu’il se libère de ses conditionnements.

Vivre avec légèreté et simplicité. Et pour cela il y a plus de choses à défaire qu’à faire, se défaire de tous ces plis qui encombrent notre âme et l’alourdissent.

« Les anges volent parce qu’ils se prennent à la légère. » (Chesterton, poète anglais)

L’égo ou le moi se prend toujours trop au sérieux. Témoin silencieux de notre âme, le « soi » regarde avec tendresse, humour et humilité, le théâtre permanent que joue le « moi ». L’humilité rappelle notre appartenance à l’humus, cette terre fertile qui permet de croître, de s’épanouir et de danser avec la vie.

Vivre en harmonie avec les autres. Car chacun sait au fond de lui que le bonheur est dans le lien plus que dans le bien. Ce qui nous rend vraiment heureux c’est la qualité des relations que nous entretenons avec les autres. On ne s’accomplit jamais contre, toujours avec les autres. Dans la nature, des systèmes de symbiose et de solidarité ont joué un rôle déterminant dans l’évolution. L’esprit permet de transcender l’égo pour mieux aimer. L’amour, le vrai, n’enchaîne pas mais libère. Comme le rappelle Bouddha, seul le détachement permet le vrai amour.

« Trop impliqué dans les affaires du monde, l’homme néglige son être profond et se consume. » (Confucius)

« L’homme extérieur va à sa ruine, l’homme intérieur se renouvelle chaque jour. » (Saint Paul)

L’esprit est une force d’union et de communion. Il rassemble les hommes et les femmes au-delà de leurs différences. Il permet en effet de transcender nos particularismes et nos conditionnements pour atteindre l’universel, c’est-à-dire l’universelle nature humaine.

C’est ce qui fait dire à Antoine de Saint-Exupéry : « Il n’y a personne au monde dont une part de lui ne soit mon ami. »

Le mystique, selon son étymologie, veut dire celui qui voit au-delà des apparences pour pénétrer le sens caché des choses.

Pour répondre aux immenses défis de notre temps, ce dont l’humanité a besoin aujourd’hui ce sont des voyants, non des croyants. Pour cela, consultons davantage nos cœurs et un peu moins nos ordinateurs. Il y a en nous des trésors de sagesse et de vitalité insoupçonnés.

CONCLUSION

« Nous ne voyageons pas pour voir mais pour nous voir aux lumières d’ailleurs. » (Jean de la Croix)

L’heure est désormais à la symbiose des cultures. La seule et juste perspective est de reconnaître l’unité dans la diversité des religions et des cultures. Or « unité » ne veut pas dire réduction au plus petit dénominateur commun mais convergence sur l’essentiel.

Les grands sages de l’humanité le disent tous : « Creusez en profondeur et vous découvrirez que les traditions s’abreuvent toutes à la même source. »

Il importe que les peuples restent eux-mêmes, chacun a besoin du regard des autres sur le monde pour interroger ses propres représentations et les faire évoluer.

Ce qui implique d’aimer ce qui étonne et détonne, d’aimer l’étrange de l’étranger.

« Si tu es différent de moi mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis. » (Antoine de Saint-Exupéry)

Pour cela, tolérer est insuffisant, il faut respecter, c’est-à-dire reconnaître dans sa différence et estimer pour sa différence.

Le temps est venu pour l’Occident d’abandonner « son fantasme du grand Un » et d’accepter « le polythéisme des valeurs », comme le rappelle le sociologue Michel Maffesoli.

Le Un que l’on retrouve sous toutes les latitudes n’est pas un nombre, il est le Un qui rassemble, qui relie les contraires.

« Considérer comme identiques les contraires, voilà la grandeur. Plus on veut les séparer, plus ils s’exacerbent et deviennent nocifs, engendrant dans l’homme, dans la société et dans le monde, le chaos. », constate avec pertinence Lao-Tseu.

La spiritualité développe le sentiment écologique par la prise de conscience que la planète Terre est comme l’être humain un organisme vivant et doit de ce fait être traitée avec délicatesse.

Sans ouverture à la dimension verticale de l’existence, à la spiritualité, le monde devient profane et est profané.

Avec les énormes moyens de destruction disponibles, il devient désormais vital pour l’homme et la femme du IIIème millénaire de retrouver cette dimension.

C’est ce que voulait dire André Malraux dans son mot célèbre : « Le IIIème millénaire sera spirituel ou ne sera pas. ».

Parallèle Gestaltiste :

Éveiller les consciences

Humblement la Gestalt prétend contribuer à éveiller les consciences, à ouvrir ce « troisième œil » qui permet de trouver en soi les ressources nécessaires à la vie.

S’inscrivant dans une démarche humaniste, la finalité d’une démarche thérapeutique gestaltiste est la quête intérieure qui, au-delà de mieux se connaître, permet la réalisation de soi.

Elle porte sur les émotions (les vicissitudes de l’âme) un regard distancié afin de mieux les comprendre et les intégrer.

Elle aide à se placer de côté, à se mettre à la place de l’autre, à déplacer notre vision afin de voir les situations sous un angle différent et ainsi, peut-être, entrevoir une réalité plus acceptable.

Elle nous ancre aussi dans la réalité de ce monde, ici et maintenant, tout en y portant un regard qui va « au-delà de soi », un regard qui nous relie aux autres et à plus grand que nous.

Elle invite enfin à écouter nos inspirations, nos intuitions, nos voix intérieures, qui nous parlent de nos besoins profonds.

Elle va chercher à identifier ses ressources intérieures, à mettre en œuvre sa responsabilité à mener sa vie choisie, à se libérer de ses conditionnements.

Nous sommes des êtres de relation, éminemment, viscéralement. Nous nous révélons au contact de nos semblables, qui nous est vital. L’actualité récente nous en a tous fait prendre conscience de manière plus ou moins douloureuse. La Gestalt vient interroger ces relations, les embellir, les adoucir, en prendre soin…

Ce qui nous amène à cultiver l’ouverture à l’autre, à sa différence, à sa complémentarité, à rester curieux et attentif à nos expériences de vie, avec humilité et acceptation.

La Gestalt nous invite également à explorer les contraires. « Je me sens seul » : « Et comment ce serait d’être au contact des autres ? ». Cette exploration est source de richesse, de trouvailles inestimables, de voies inattendues…

L’éveil des consciences pour ouvrir les esprits des hommes et des femmes sur leur beauté intérieure et ainsi inventer un monde qui se doit aujourd’hui d’évoluer, c’est ainsi que la Gestalt peut humblement contribuer à la vie sur cette belle planète.