Le paradoxe du poisson rouge : chapitres 4 et 5

LE PARADOXE DU POISSON ROUGE de Hesna CAILLIAU

Une voie chinoise pour réussir

Décodage de la culture chinoise ? Inspiration de vie ? Métaphore de l’approche gestaltiste ? Ce livre est tout cela à la fois, et j’ai plaisir à le partager avec vous au travers d’un résumé personnel de ses 8 chapitres. Aujourd’hui les chapitres 4 et 5… Bonne lecture !

Dans un monde de plus en plus complexe, incertain et mouvant, nous remarquons avec étonnement que les Chinois évoluent comme des poissons dans l’eau avec souplesse et succès. De cette constatation est né le titre de ce livre, qui nous permet de mieux comprendre l’âme chinoise.

Laissons-nous surprendre par cette culture…

CHAPITRE 4 – IGNORER LA LIGNE DROITE

« L’arbre tordu vivra sa vie, l’arbre droit finit en planches. » (Dicton)

Gagner sans se battre

Le meilleur moyen de vaincre un obstacle est de le contourner.

Les Chinois cherchent à dissoudre les problèmes au lieu de les résoudre.

L’affrontement direct n’est pas considéré comme un signe de courage et de caractère mais au contraire comme un dysfonctionnement, une erreur de jugement et une perte inutile d’énergie.

Il ne peut y avoir de gagnant ni de perdant car « le perdant d’hier est l’ennemi d’aujourd’hui et le tyran de demain. ».

« Gagnez sans faire la guerre. Laissez toujours une porte de sortie à votre adversaire. » (Sun-Tseu : L’art de la guerre)

Aussi tout est fait pour éviter l’affrontement direct : la ruse, l’utilisation de stratagèmes, la dissimulation, l’attente de moments plus favorables, même la fuite. Lorsque rien n’est favorable, l’important est de se préserver, de garder ses forces intactes et non de résister héroïquement.

Préserver, poser les choses… Énergie féminine

Il faut laisser mûrir les idées et les situations avant d’intervenir.

La ruse est le mode d’intelligence privilégié. Il relève du féminin de l’être (yin). Les stratégies yin sont davantage valorisées que les stratégies yang. Pour la sagesse taoïste, c’est par le féminin que l’homme peut obtenir le salut. L’excès étant par nature une disposition du yang (étant une propension à l’expansion), il a besoin du yin et de son facteur de régulation pour revenir à la pondération.

« Connais en toi le masculin, mais adhère au féminin. » (Tao te King)

Selon la médecine chinoise, la maladie est toujours causée par un déséquilibre entre les deux pôles, yin et yang.

Contourner, s’adapter

La culture chinoise est un art du détour et de l’esquive.

L’eau est louée : « Il n’y a rien de plus souple et de plus faible que l’eau, mais pour entamer ce qui est dur et fort, rien ne peut la surpasser ». L’eau, en Chine, est le symbole par excellence de l’intelligence puisqu’elle s’adapte à tous les contenants, qu’elle ne chemine pas droit et ne revient jamais en arrière.

Subjectivité

Les Chinois considèrent que chacun de nous influe sur ce qui l’entoure, les autres, les situations…

On ne peut séparer l’observateur de ce qu’il observe, ce qui veut dire que tout est subjectif.

Les neurosciences viennent confirmer cette intuition aujourd’hui.

CHAPITRE 5 – SE MOUVOIR AVEC AISANCE DANS L’INCERTITUDE

« C’est au moment où l’on a des certitudes que l’on perd la guerre. » (Sun-Tseu)

Impermanence des choses

Rien ne dure, rien ne persiste, tout se transforme et change à chaque instant.

« On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. » (Bouddha)

Cependant la grande peur du devenir leur est étrangère car pour eux le changement est une source de possibilités infinies.

Le corollaire de l’impermanence est le détachement : « Pourquoi s’attacher aux choses puisque tout passe, tout est transitoire ? » (Bouddha)

Etre détaché ne veut pas dire être indifférent et insensible mais ne pas se laisser tâcher par les évènements extérieurs.

L’alternance : source de la vie

L’équilibre c’est l’alternance entre yin et yang. Ce n’est pas le juste milieu entre deux contraires mais l’égale ouverture à ces deux pôles contraires.

Tant qu’il y a alternance, il y a vitalité et créativité. Si l’on s’attache à un pôle donné, on se fige et on n’évolue plus.

Rien ne dure, tout est transitoire, même le déclin décline. La conscience de cette alternance (croissance/décroissance, facile/difficile, soleil/pluie…) donne confiance au Chinois : en période de difficulté, il garde l’espoir d’un retournement de la situation en sa faveur et en période de succès, il reste vigilant.

L’expérience comme seule vérité

L’instabilité étant la loi de la vie, il n’y a pas de vérité absolue. Chacun doit faire l’expérience de ce qui est bon pour lui, sans s’attacher à des « maîtres ».

« Ne croyez pas ce que je vous dis parce que je suis votre maître, faites l’expérience. » (Bouddha)

L’expérience est, pour Confucius, « une bougie qui n’éclaire que celui qui la porte. ».

Chacun trace son chemin et celui-ci se trace en marchant. C’est le monde extérieur, à la rencontre duquel nous avançons, qui est le révélateur de la vocation qui anime chaque être humain.

Foi et Pragmatisme

Les Chinois font une distinction entre foi et croyance.

La croyance est ce que la société nous a transmis.

La foi est ce que la vie nous a appris. Fondée sur l’expérience, elle est une force qui nous pousse d’étape en étape vers la réalisation de notre être.

« Celui qui sait ce qui est bon pour les autres est un être dangereux. » (Nisargadatta, disciple de Bouddha)

Dès lors que l’on prétend incarner le bien, le mal est chez les autres et doit être éliminé.

Plutôt que de bien et de mal, les chinois préfèrent donc parler de positif et de négatif. Car il ne peut pas y avoir de positif totalement positif ou de négatif totalement négatif.

Il en résulte que les Chinois ont une conception floue du bien et du mal. Pragmatiques, ils tendent à relier ces notions à l’efficacité : un acte est bon s’il produit l’effet souhaité, il est mauvais s’il ne le produit pas.

Avancer, essayer, oser…

Marcher est la seule façon pour l’homme d’explorer et de réaliser tous les possibles qui sont en lui. La vérité ne se trouve pas au bout de chemin, la vérité est le chemin lui-même.

Le Chinois évolue dans l’incertitude avec souplesse et légèreté, ni tendu, ni pressé mais jamais relâché, toujours sur le qui-vive pour saisir une opportunité qui se présente : il échoue et il recommence. La culture chinoise célèbre l’échec car cela veut dire que l’on a pris des risques, relevé des défis.

Celui qui n’apprend pas à échouer, échoue à apprendre.

« Il n’y a pas d’échec, il n’y a que des enseignements. » (Confucius)

« Fauter est normal, mais ce qui est grave, c’est de ne pas profiter de cette erreur pour s’améliorer. » (Confucius)

Enthousiasme et optimisme

Le Chinois prend la vie à la légère. « A chaque rire, on a un an de moins. » (Proverbe)

La raison a permis de nombreuses avancées (Internet, la démocratie, la révolution industrielle…) mais lorsqu’elle envahit tous les secteurs de la vie, le monde devient « désenchanté » : il n’y a plus de place pour s’étonner, s’émerveiller. Ne laissons jamais s’éteindre en nous cette source d’eau vive qu’est l’enthousiasme.

« Un grand homme est celui qui n’a pas perdu son cœur d’enfant. » (Mencius)

« Le pessimisme est un laisser-aller, il faut vouloir être heureux. » (Bouddha)

Cela demande un travail sur soi et en particulier de contrôler ses pensées.

Car une pensée négative en attire d’autres. Le pessimisme consume notre énergie et obscurcit nos facultés.

L’optimiste n’est pas un utopiste, il sait ce qui ne va pas mais a décidé de faire vivre ce qui va.

Parallèle Gestaltiste :

Changer ce qu’il est possible de changer

Toute situation, tout ce qui nous arrive, est le fruit de multiples facteurs. Apprenons à trier, comprendre, ainsi l’on pourra en dégager notre part. Nous pouvons agir uniquement sur ce qui relève de notre responsabilité. Concentrons donc notre énergie à cet endroit pour changer ce que nous voulons et pouvons changer.

Notre expérience subjective

Or comprendre une situation est éminemment subjectif, il s’agit de l’expérience unique d’une personne unique.

Ainsi nous nous attachons en Gestalt, davantage à comprendre la réalité de la personne, sa « vérité » à elle.

Comment la personne vit cette situation. Comment elle la perçoit. Comment faire avec cette situation, plutôt que chercher une vérité sur le pourquoi de cette situation.

Comment faire bouger ce qu’elle peut faire bouger, elle, dans cette situation. Nous la guidons dans ses questionnements et ses explorations pour qu’elle trouve son chemin. Pas une autre à sa place, elle, avec ses possibilités, ses envies, à ce moment-là de sa vie. Personne ne sait mieux qu’elle ce qui est bon pour elle.

Approche holistique

Pour aller chercher sa vérité, rien de tel que de contourner les pensées, de s’adresser au cœur et au corps. Nous sommes des êtres complets quand nous prenons en compte notre cerveau mais aussi notre cœur (émotions, ressentis) et notre corps (perceptions, sens).

Le cerveau, afin de fonctionner plus efficacement, s’est constitué des « raccourcis » de pensée qui nous guident au quotidien, qui ont pu être utiles à un certain moment (en situation de stress par exemple) mais qui deviennent obsolètes à d’autres moments, voire handicapants. Passer par les perceptions de nos cinq sens et nos ressentis, nous guide vers ce qui est bon pour nous. Ne dit-on pas : « Le corps parle » et « Le cœur a sas raisons que la raison ignore ».

Ralentir

Prendre le temps permet de sentir ce qu’il se passe, ce que cela produit en nous, ce qui est bon ou pas pour nous. Dans le feu de l’action on s’anesthésie, on oublie, on avance en mode automatique. En Gestalt, nous apprenons à ralentir pour sentir, pour entendre les signaux du corps et du cœur, au service de tout notre être. C’est ainsi que l’on se rapproche de notre vérité, celle qui est bonne pour nous.

Filtre et regard sur la vie

Chaque être humain va vivre des choses positives, d’autres moins. Chacun à sa façon, avec ses moyens, son histoire, ses croyances, son environnement…

La Gestalt aide à modifier le regard que l’on porte sur les choses, sur sa vie, sur ses évènements difficiles parfois, en permettant, non pas de les supprimer, mais de les vivre différemment, de les traverser plus aisément.

On ne choisit pas ce qui nous arrive, on peut choisir par contre notre regard sur ce qui nous arrive : « L’important n’est pas ce que l’on a fait de nous, mais ce que nous faisons de ce que l’on a fait de nous. » (Jean-Paul Sartre)